4 Décembre 2008, 14H 30 - 12 Rue de Prony 75017 Paris.
Office International des Epizooties (OIE) ou Organisation Mondiale de la Santé Animale (OMSA).
Introduction par le Président de l'Académie.
Madame la Conseillère technique, représentant le Ministre de l’Agriculture et de la Pêche,
Monsieur le Directeur Général de l’Organisation mondiale de la santé animale,
Messieurs les Présidents et Secrétaires perpétuels des Académies,
Mesdames et Messieurs les Inspecteurs Généraux de la Santé Publique Vétérinaire,
Messieurs les Officiers Généraux,
Messieurs les Présidents du Conseil Supérieur d l’Ordre, des Syndicat et des Organisations Professionnelles
Mesdames et Messieurs les membres du Corps enseignant,
Mesdames, Messieurs,
Mes Chers Collègues,
Madame la Conseillère nous vous sommes très reconnaissants d’avoir distrait quelques heures de votre emploi du temps particulièrement chargé pour participer à ce qui doit être, sauf erreur, la 76° séance solennelle de l’Académie Vétérinaire de France.
Monsieur le Ministre chargé de l’Agriculture est, statutairement notre Président d’honneur. Vous êtes donc ici chez vous. Et c’est pour nous l’occasion de vous donner de vive-voix des nouvelles de votre Académie, de vous rendre compte de nos activités, de nos satisfactions et aussi de nos difficultés.
Je ne vous apprendrai pas, Madame qu’en ce début de XXI° siècle les académies, cherchent leurs places dans la société française. Généralistes, elles sont objectivement contestées par des structures plus spécialisées, comme les agences, pour ne pas les nommer, qui maitrisent mieux l’accélération et la parcellisation des progrès dans le domaine des connaissances.
Aussi, les académies et en particulier celles des sciences du vivant et de la santé, hésitent quelquefois sur la nature précise de leur rôle et s’interrogent souvent sur la finalité de leurs activités dans le futur.
Cependant, leur indépendance et la somme d’expériences qu’elles rassemblent, les prédisposent à une contribution majeure : apporter, chacune en ce qui la concerne, ou mieux encore collectivement, des propositions de réponses aux questions d’ordre sociétal que soulèvent les progrès scientifiques et techniques réalisés dans leurs domaines de compétences.
Dans cette perspective, l’Académie Vétérinaire de France a consacré au cours de ces deux dernières années la plus grande part de ses activités à deux préoccupations de notre société : la santé publique et les relations entre les hommes et les animaux.
Aussi, afin de ne pas abuser de votre patience, je sacrifierai délibérément nosautres domaines d’activité. Qu’il s’agisse de la diffusion des progrès concernant les disciplines cliniques ou les sciences fondamentales, qu’il s’agisse des réflexions conduites en commun avec les grandes structures de notre profession ou avec les autres académies.
Je me limiterai donc, aujourd’hui, à nos contributions au cours des deux dernières années, dans les deux domaines précités : la santé publique vétérinaire et les relations entre les hommes et les animaux.
La prévention des zoonoses et des épizooties, constitue le fondement de la santé publique vétérinaire. Elle a , donc, fait l’objet de travaux menés, soit au sein même de l’académie, soit en relation avec l’Académie de l’Agriculture, avec l’Académie des Sciences d’Outre-mer et avec le Groupe de concertation entre les académies des sciences de la vie et de la santé. Ces réflexions ont porté sur des problèmes généraux de prévention, sur les conséquences sociales et économiques des mesures de lutte contre les épizooties, sur le concept de maladies émergentes, sur le mécanisme de franchissement de la barrière d’espèce.
Elles ont conduit à la rédaction de rapports et à l’émission d’avis sur des questions plus particulières comme la prévention des risques zoonotiques dans les établissements mettant en contact le public avec des animaux, ou encore sur la nécessité de surveiller une éventuelle contamination du cheptel français par l’agent de la fièvre Q.
Des mises au point ont été présentées et discutées en séance à propos de plusieurs zoonoses : Encéphalite Spongiforme bovine, Bartonelloses, Tuberculose chez les espèces sauvages, Ehrlichiose, Fièvre Q, Fasciolose, Fièvre charbonneuse, maladies virales transmises par les aliments.
Il en a été, de même, mais à une bien moindre échelle pour les épizooties. En ce domaine nous nous sommes intéressés à la fièvre catarrhale ovine, à la surveillance épidémiologique des équidés, aux maladies infectieuses des abeilles, à la fièvre du Nil occidental.
Pour en terminer avec la santé publique vétérinaire et même si nous ignorons tous ce que demain sera fait, je soulignerai la stabilisation actuelle de l’épizootie mondiale d’Influenza aviaire à virus hautement pathogène. Stabilisation obtenue par la simple mais de plus en plus rigoureuse application des mesures classiques de police sanitaire vétérinaire telles que préconisées par l’Organisation Mondiale de la Santé Animale.
Comme le développera dans quelques instants, Georges Chapouthier, la nature des relations entre les hommes et les animaux a caractérisé chacune des civilisations, chacune des grandes époques de l’histoire. Les quatre dernières décennies sont marquées, en particulier dans la société occidentale, par une évolution très nette de la nature de ces relations. Notre profession, plus que tout autre, peut en témoigner.
Cette évolution ne se fait pas sans quelques heurts, sans induire quelques conflits au sein de la communauté nationale. Aussi, au cours des deux dernières années, soit spontanément, soit à la demande du ministère de l’Agriculture, notre Compagnie a été amenée à se pencher sur la question de l’utilisation des animaux de laboratoire, sur certains aspects de l’abattage des animaux de boucherie, sur l’origine et l’expression de l’agressivité dans l’espèce canine, ou encore sur les menaces sanitaires et environnementales qui pèsent sur l’apiculture ou sur la faune sauvage autochtone.
A propos de ces problèmes conflictuels, dont certains, comme les modalités d’abattage touchent jusqu’à la conviction religieuse, nous nous sommes efforcés de construire à partir d’informations scientifiques et techniques les plus récentes et les plus objectives possibles. Les thèmes de nos séances et la qualité de ceux qui s’y sont exprimés en témoignent. Sur ces bases dont la solidité ne peut être contestée notre Académie s’est toujours exprimée avec la volonté de concilier, tant faire se peut, la sensibilité de chacun avec les impératifs économiques, sanitaires ou scientifiques de notre société.
Parvenu à ce stade de son intervention il est classique pour le Président d’évoquer la situation financière de notre académie. Bien que sans grande illusion je ne faillirai pas à cette inconfortable tradition.
Dans une société dominée par le concept de rentabilité immédiate, ou même de rentabilité tout court, une structure académique ne peut espérer que peu, si ce n’est que très peu, du partenariat industriel ou commercial. En dehors de quelques improbables mécènes, seul le budget de l’Etat peut assurer, et à peu de frais, la pérennité d’une institution, certes âgée de 164 ans, mais dont la compétence interdisciplinaire, le désintéressement et l’indépendance complètent harmonieusement l’action des administrations de l’Etat, en particulier, en garantissent aux citoyens des prises de position en dehors de toute influence, si ce n’est celle de la science et de la technique.
Les moyens, qui nous sont accordés identiques dans leur importance depuis plus de 17 ans, ne permettent plus de garantir l’efficacité et l’indépendance de notre Compagnie. Et ce, malgré le dévouement tout nos membres, et le soutien confraternel de l’Ordre national des vétérinaires quand ce n’est pas celui de l’OIE comme aujourd’hui. OIE dont nous remercions vivement le Directeur Général de sa présence amicale et de la qualité de son accueil.
Afin de ne pas abuser de votre bienveillante attention et de celle de nos invités je conclurai en vous remerciant à nouveau, Madame la Conseillère technique, d’avoir honoré de votre présence, cette séance solennelle.
Veuillez, je vous prie, assurer Monsieur le Ministre de la volonté de notre Compagnie, de continuer à servir au mieux les intérêts de son ministère et, au-delà, ceux de la nation et des sciences vétérinaires.
Je vous remercie, mesdames et messieurs, de votre tolérante attention.
J’invite maintenant Madame Emmanuelle Soubeyran, conseillère technique de Monsieur le Ministre de l’Agriculture et de la Pêche à prendre la parole.