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Confinement et chaine alimentaire

Maintien de la chaine alimentaire en situation de confinement

Les clusters de Covid-19 en Allemagne...

... éclairent sur les pratiques des abattoirs en matière de travailleurs immigrés

19 juin 2020 - Coronavirus chez les ouvriers de la société Tönnies, en Allemagne, le plus grand abattoir d’Europe : 20 000 porcs abattus par jour, 30% de part du marché de la viande en Allemagne

Les Chiffres

 Des recherches de CoviD sur 983 ouvriers ont donné des résultats positifs chez 657 d’entre eux, soit 67 %, ce qui est un taux de contamination très élevé comparé aux 15-20% trouvés habituellement dans les foyers d’autres abattoirs dans le monde (USA, Brésil …). Les 7000 ouvriers de l’abattoir sont placés en quarantaine, l’abattoir est fermé depuis mercredi jusqu’à ce que les tests soient effectués sur la totalité des ouvriers, avec l’aide de l'Armée.

 Ce foyer s’ajoute à plusieurs foyers survenus en mai :  260 cas dans une usine de Coesfeld,  plus de 100 cas dans un  abattoir du nord du Schleswig-Holstein, 60 cas dans un abattoir de Bavière.

 

Les Causes

Les causes de cette épidémie donnent lieu à des polémiques. Le représentant des travailleurs de la filière agroalimentaire accuse les «conditions catastrophiques de travail et de logement » des ouvriers roumains et polonais constituant la majeure partie des employés, ajoutant : « ce système malade doit enfin se terminer ». L’employeur Toennies estime que l’épidémie est liée à des récents aller et retour des travailleurs de l’Europe de l’Est et aussi à la température froide et humide des locaux, propices au virus. Les experts scientifiques soupçonnent la présence de super-excréteurs ainsi que le fait que le virus circule dans l’établissement déjà depuis un certain temps. Un incident diplomatique a opposé Ministre du Land, qui a pointé du doigt les travailleurs roumains et bulgares de l’usine, au ministre roumain des Affaires étrangères qui a demandé des explications sur ces déclarations « peu claires ».

«Germany 'cleans up' meat industry»

 L'industrie de la viande recrute en majeure partie des travailleurs des Pays de l’Est et du Sud en passant par un réseau de sous-traitants et en établissant des contrats de travail avec une rémunération à la tâche (par nombre d’animaux abattus, poids de carcasses ou de viande découpée). Les entreprises allemandes ne sont pas légalement responsables du personnel dans ces contrats, qui de plus sont facturés sous diverses formes par les sous-traitants aux travailleurs. Le paiement à la tâche entraîne des dépassements d'horaires (les 60 heures sont courantes) et la précarité des conditions de logement afin de ne pas trop puiser sur les salaires.

Ce foyer relance les mesures que le gouvernement allemand avait annoncé après les précédents foyers, à savoir la fin de la sous-traitance dans les abattoirs dont plusieurs juristes avaient annoncé qu’elles auraient pour effet de faire partir les emplois dans d’autres pays. Les ministres du travail et de l’agriculture viennent d’annoncer qu’ils vont mettre fin aux abus constatés, qui mettent en danger à la fois les travailleurs migrants  et la santé publique.

Les nouvelles règles allemandes entreront en vigueur en janvier 2021. Elles interdiront l’emploi de salariés gérés par des sous-traitants. L'abattage d'animaux et la transformation de la viande ne seront autorisés que pour les employés des usines elles-mêmes. Par ailleurs, les dépassements du temps de travail seront plus fortement sanctionnés (amendes de 30 000€). Les employeurs qui fournissent à leurs salariés migrants des logements seront également tenus de fournir aux autorités des informations sur ces hébergements.

Ces décisions sont susceptibles de faire l’objet de discussions communautaires concernant le risque de distorsion de concurrence entre Etats membres, notamment sur les exportations de viande de porc vers la Chine qui est en forte demande en raison d’une épidémie de peste porcine africaine qui a décimé de nombreux élevages.

Difficultés de suivi dans les abattoirs et usines de transformation de viande

Les abattoirs ne peuvent fonctionner que si les ouvriers et les inspecteurs sont présents.

Compte tenu des inspecteurs vétérinaires qui sont tombés malades du COVID-19,

Plusieurs abattoirs industriels des Etats-Unis ont du fermer : la production de viande bovine a chuté de 22%

Près de 25 % des capacités d’abattage et découpe dans la filière porcine sont à l’arrêt aux USA. Les éleveurs sont amenés à euthanasier leurs animaux.

Les Etats-Unis sont désormais proche d'une pénurie de viande.

21 Avril 2020: Arrêt des abattoirs au Canada

6 Mai: Difficultés dans la filière aviaire au Canada

9 Mai: Les employés de 3 usines de transformation de viande fortement touchés par le Covid-19 en Allemagne avec jusqu'à 180/1200 employés touchés

10 mai: Fermeture d'abattoir au Canada (Cargill meat-processing plant, High River, South Alberta) après contamination de 64 employé.

11 mai: Décès d'employés de l'abattoir de Cargilll meat plant

Ailleurs dans le monde :

Brésil : https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-05-08/a-meat-giant-is-anxious-as-virus-shuts-two-brazil-chicken-plants

Irlande : https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-05-12/coronavirus-outbreaks-rip-through-european-slaughterhouses

US : https://www.bloomberg.com/news/features/2020-05-07/coronavirus-closes-meat-plants-threatens-food-supply

https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-05-14/thousands-of-pigs-are-rotting-in-compost-as-u-s-faces-shortages

En France

12 mai : 675 employés d'une entreprise agro alimentaire de produits à base de volaille en Vendée, les établissements Arrivé, ont fait l'objet d'une campagne générale de tests, après quelques test positifs. En final, 20 personnes ont été testées positives et une seule a présenté des signes graves. 4 vétérinaires ont été testés négatifs. L'entreprise a travaillé sur la distanciation avec espaces, barrières, gel et masques depuis le 16 mars 2020. L'enquête préliminaire de l'Agence Régionale de la Santé ne semble pas indiquer pour le moment que l'entreprise soit le lieu de la contamination (ateliers et vestiaires différents). Lire l'article

15 Mai : Un abattoir est situé a Mené dans les Côtes-d'Armor et une campagne de dépistage massif est en cours. Au moins 11 personnes ont été touchées. Le site regroupe environ 220 personnes. Une campagne de dépistage massif des salariés est en cours ce vendredi. Lire l'article

17 Mai : 34 Cas de Covid dans l'abattoir Tradival à Fleury les Aubrais (Loiret) Lire l'article

 

Situation le 21 Mai

  • 109 personnes infectées par le coronavirus dans l'établissement KERMENE (Leclerc) des Côtes-d'Armor sur 818 employés.
  • 34 sur 400 salariés de l' abattoir TRADIVAL de Fleury-lès-Aubrais (Loiret) ; dépistage encore en cours.
  • 34 sur 400 salariés de l'abattoir de volailles ARRIVÉ à Essarts-en-Bocage en Vendée.
  • 1 cas à l'abattoir de BIGNAN (Morbihan) : investigation en cours
  • France Poultry à Chateaulin (29) : 5 cas testés positifs sans traçage pendant le confinement.
  • 200 cas suspectés (sans analyse) dans l'abattoir BIGARD de Quimperlé (29)

Sars-Cov-2 et cycle de l'eau

Impacts potentiels du Sars-Cov-2 sur le cycle de l'eau (eaux usées, boues, eau de ruissellement)

Des particules virales du SARS-CoV-2 sont détectées dans les selles de certains patients. Si, selon l'Organisation Mondiale de la Santé, on ne dispose à ce jour d'aucune preuve de la survie du SARS-CoV-2 dans les eaux usées, il a été montré que des coronavirus apparentés pouvaient rester infectieux dans ces eaux pendant plusieurs jours. Les eaux usées sont traitées dans des stations d'épuration, puis rejetées dans l'environnement après plusieurs traitements. Des ruissellement peuvent se produire jusque dans l'eau des rivières et leur évaluation vers la mer.

D'après un Avis de l'Anses les boues de stations d'épuration produites pendant l'épidémie ne peuvent être étendues qu'après hygiénisation

Un arrêté du 30 Avril 2020 précise les modalités d'épandage des boues issues du traitement des eaux usées urbaines pendant la période Covid-19

Les risques associés à prendre en compte concernent :

  • Le risques éventuels liés à l'usage des eaux agricoles d'irrigation et de lavage dans les exploitations fruitières et légumières. Les exploitants ne peuvent utiliser que de l'eau propre ou de l'eau potable, selon les différents usages auxquels elle est destinée.
  • Le risque lié aux eaux de ruissellement et leur impact en conchyliculture et ostréiculture.
    >>> Parole de scientifique : le point de vue de l'IFREMER
  • Un risque de contamination de la faune sauvage qui s'abreuve à partir d'eau stagnante ou de cours d'eau, avec risque de zoonose et d'atteinte des animaux chassés.