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Contamination des huîtres par un Norovirus : un exemple de la nécessité de l'approche Une seule santé

La contamination des huîtres par des Norovirus fin 2023 constitue un cas exemplaire de la nécessité d'une mise en oeuvre sur le terrain de la démarche Une seule santé coordonnant la sécurité sanitaire des aliments, la santé humaine et la santé des écosystèmes. L'Académie vétérinaire de France dans un communiqué démontre que la prévention, la surveillance et la gestion du risque Norovirus au niveau des coquillages, notamment des huîtres, sont intimement liées à des données sanitaires humaines et environnementales. Leur mise en oeuvre nécessite une coordination de l'ensemble des acteurs oeuvrant dans les trois domaines de la démarche Une seule santé.

Lire le communiqué de l'AVF ICI

Plusieurs toxi-infections alimentaires collectives (Tiac) ont été déclarées fin 2023, reliées à la consommation d'huîtres contaminées par un Norovirus, originaires notamment du bassin d'Arcachon, du Morbihan, de la Manche, de Loire-Atlantique et de Vendée. « Au regard seulement des données des services d'urgence, il apparaît que des milliers de consommateurs ont été touchés », a expliqué l'Académie vétérinaire de France, début février.

« Les huîtres ont la propriété de filtrer l'eau marine en concentrant ses contaminants et particulièrement les Norovirus, qui ont pour origine le tube digestif de l'Homme. En période hivernale, les épisodes de gastro-entérites aiguës (GEA) humaines à Norovirus se multiplient et ces pollutions d'origine humaine vont contaminer les zones conchylicoles en aval à la faveur du dépassement de la capacité des stations d'épuration », précise l'académie.

Débordements d'eaux usées

Cette contamination de l'environnement terrestre et marin est amplifiée lors des excès de pluviométrie de plus en plus fréquents en hiver, qui entraînent des débordements d'eaux usées et pluviales et leur mélange au niveau des stations d'épuration et des postes de relèvement.

« Ces virus sont excrétés en très forte quantité lors d'épidémies de GEA (1011 virus par gramme de selles). Ils résistent à certains traitements d'assainissement des stations d'épuration et persistent longtemps dans le milieu extérieur (28 jours dans les eaux marines) », indique l'Académie vétérinaire de France. « Le risque lié aux Norovirus est sans doute un des exemples les plus démonstratifs et directs de l'interdépendance entre la sécurité sanitaire des aliments, la santé humaine et la santé des écosystèmes ».

La prévention, la surveillance et la gestion du risque Norovirus au niveau des coquillages, notamment des huîtres, sont donc intimement liées à des données sanitaires humaines et environnementales. Leur mise en oeuvre nécessite une coordination fine et sur le terrain de l'ensemble des acteurs oeuvrant dans ces trois domaines de la démarche Une seule santé.

Coordonner les plans de lutte

Bien avant que cette approche soit reconnue et préconisée par les instances internationales (OMS, Omsa, FAO, PNUE1), le ministère de l'Agriculture a demandé en 2018 aux préfets de mettre en place une instance de concertation locale relative aux sujets sanitaires et zoosanitaires conchylicoles. Les différents partenaires relevant des services de l'État (DDTM, DDPP, délégations départementales de l'ARS, Ifremer2), les collectivités territoriales qui sont en charge des eaux usées, de l'assainissement collectif et non collectif et des eaux pluviales et les représentants des producteurs y sont notamment associés.

« Compte tenu des enjeux de santé publique et d'économie de filière et des risques liés potentiellement au dérèglement climatique, qui semble accroître les pluies hivernales, le risque Norovirus dans les coquillages est un sujet préoccupant pour l'avenir », souligne l'académie.

Il apparaît donc nécessaire que les recommandations des instances internationales concernant l'approche Une seule santé soient suivies pour conforter le dispositif en place : renforcer les moyens de contrôle et d'alerte précoce en amont, coordonner les plans de lutte, mobiliser les financements, renforcer les partenariats internationaux, développer la recherche, intégrer la santé de l'environnement dans l'analyse des risques et construire des bases de données sanitaires intégrées.

« Le développement au niveau central, régional et départemental des démarches de coordination déjà mises en place permettrait aussi de renforcer le pilotage des actions et constituerait un modèle concret et efficace de mise en oeuvre de la démarche Une seule santé », conclut l'académie. V.D.

1 OMS : Organisation mondiale de la santé ; Omsa : Organisation mondiale de la santé animale ; FAO : Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture ; PNUE : Programme des Nations Unies pour l'environnement.

2 DDTM : Direction départementale des territoires et de la mer ; DDPP : Direction départementale de la protection des populations ; ARS : Agence régionale de santé ; Ifremer : Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1700