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Peste Porcine Africaine : Note d'information et Vidéo de la séance commune Académie d'Agriculture de France et Académie Vétérinaire de France

La peste porcine africaine (PPA), qui n’est pas zoonotique, est une maladie mortelle pour les porcs. D’origine africaine elle se retrouve maintenant dans l’est de l’Europe et en Asie dont la Chine. L’évolution prévisible en Europe est une extension vers l’ouest, la PPA est en Belgique, pas encore en France, une émergence territoriale potentielle d’une maladie virale porcine à impact élevé sur le plan sanitaire est à redouter.

Visionner les videos de la séance du 3 février 2020

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NOTE D’INFORMATION DE L’ACADÉMIE D’AGRICULTURE DE FRANCE ET DE L’ACADEMIE VETERINAIRE DE FRANCE SUR L’IMPACT DE LA PESTE PORCINE AFRICAINE SUR LA FILIERE PORCINE ET SES CONSÉQUENCES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LE MONDE

 

Après la dernière séance bi-académique de l’Académie d'Agriculture de France  (AAF) et de l’Académie Vétérinaire de France (AVF) en 2013 sur « L’élevage dans les régions de montagne », une nouvelle séance bi-académique AAF-AVF a été consacrée au thème de « la Peste Porcine Africaine (PPA) »  le 3 février 2021.

Cette séance a eu pour objectifs de faire le point sur la situation en Europe et en Chine, d‘exposer l’état des connaissances sur le virus et son épidémiologie, d’identifier les moyens de lutte mais aussi d’appréhender l’impact de cette maladie animale non zoonotique sur l’économie mondiale.  

Rappelons que la PPA est un fléau majeur pour l’élevage porcin justifiant son classement comme danger sanitaire de 1ère catégorie à déclaration obligatoire du fait des conséquences économiques et de son taux de mortalité élevé. Pendant longtemps limitée à l’Afrique, la PPA a été introduite pour la première fois en 1957 en Europe (au Portugal) avec l’apport de déchets de cuisine contaminés. L’éradication de la PPA dans la péninsule ibérique n’a été obtenue qu’en 1995. Depuis sa réintroduction en Géorgie en 2007, la PPA s’est progressivement étendue depuis 2013 à de nombreux pays de l’Est, principalement en Pologne, atteignant l’Est de l’Allemagne en 2020. Face à ce risque de diffusion devenu mondial, notamment en Asie, de la PPA, la France est considérée comme indemne depuis 1974. Cependant notre pays a connu une alerte le 13 septembre 2018 avec la contamination de sangliers sauvages en Belgique, justifiant la mise en place de mesures de biosécurité à la frontière franco-belge (surveillance, clôtures, etc..) comme c’est le cas dans toute crise sanitaire gérée par les services vétérinaires.

Dans la séance bi-académique, quatre conférenciers ont présenté leur analyse des aspects sanitaires et économiques de la PPA. L’épidémiologie de la PPA reste complexe du fait de la diversité de ses modes de propagation [aliments contaminés, faune sauvage contaminée, Argasidae vecteurs (tiques molles), déplacements]. La grande résistance du virus dans l’environnement et les denrées alimentaires d’origine porcine facilitent sa propagation des zones contaminées. Le contrôle de la maladie est également difficile faute de vaccins suffisamment surs et efficaces dont les recherches doivent être encouragées ainsi que celle de plans de prophylaxie adaptés. Ce sont autant de défis pour s’assurer le contrôle de la maladie. 

La Chine a souhaité répondre à cette menace de la PPA en recourant à l’intelligence artificielle pour créer et gérer des élevages industriels gigantesques bénéficiant d’un niveau de biosécurité jamais atteint. 

La contamination des porcs chinois par la PPA (mais aussi de la peste porcine classique) s’est révélée une véritable catastrophe économique en Chine. L’augmentation vertigineuse du prix du porc a fortement impacté le pouvoir d’achat du consommateur chinois. Elle a eu aussi des répercussions géopolitiques insoupçonnées sur la filière porcine à travers le monde.  La Chine, qui assurait près de la moitié de la production mondiale de viande porcine, s’est trouvée dans l’obligation d’importer pour assurer la forte demande traditionnelle des consommateurs chinois. Les principaux fournisseurs mondiaux de porc (UE, Amérique du Nord, Brésil) ont été sollicités. Mais avec la guerre économique Chine/Etats-Unis, les conséquences commerciales de cas de PPA en Allemagne, les répercussions de la Covid-19 sur les chaînes d’abattage porcin en Allemagne, c’est l’économie porcine mondiale qui a subi plusieurs chocs. On peut également s’inquiéter des conséquences écologiques du développement des élevages porcins au Brésil. L’augmentation de la demande de céréales s’est faite partiellement au détriment de la conservation de la forêt amazonienne. Pour la France, fort heureusement, un travail des administrations française et chinoise a abouti à la reconnaissance par la Chine des modalités de mise en œuvre par la France d’un zonage. Si un cas de peste porcine africaine était un jour décelé en France, les zones françaises indemnes de cette épizootie pourraient continuer à exporter des produits issus de viande porcine vers la Chine. 

Par ailleurs, inévitablement, la demande chinoise en viande porcine s’est partiellement reportée sur la filière volaille. Il est prévisible que l’offre mondiale de produits carnés en sera affectée pour plusieurs années.

A l’issue de ces présentations bi-académiques on comprend que, bien que non directement  concernée à ce jour, cette menace d’un retour possible en France de la Peste Porcine Africaine justifie l’application de mesures de biosécurité sanitaire extrêmement strictes. Il s’agit d’éviter l’introduction dans notre pays du virus de la Peste Porcine Africaine quelle qu’en soit la cause, sangliers malades, arthropodes vecteurs ou viandes contaminées.