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Actualités

Détection de la fièvre Q en France

De la nécessité d’une surveillance des troupeaux de ruminants en vue de la détection de la fièvre Q en France

L’Académie Vétérinaire de France

Rappelle :

  • que la fièvre Q est une maladie transmissible due à une bactérie pathogène, Coxiella burnetti, qui sévit à l’état enzootique en France, dans les troupeaux de bovins et de petits ruminants, chez lesquels elle se caractérise surtout par des avortements et des métrites;
  • qu’il s’agit d’une zoonose transmissible par la voie respiratoire et éventuellement digestive, l’homme étant particulièrement sensible lors d’un état d’immunodépression;
  • que son agent causal, très résistant à la dessiccation, peut survivre plusieurs semaines dans l’environnement régulièrement contaminé par les milliards de germes mis en suspension lors de chaque avortement ou encore se retrouver dans le lait;
  • que la fièvre Q n’est actuellement reconnue ni comme une maladie à déclaration obligatoire, ni comme une maladie légalement contagieuse (M.L.C.).


Considérant :

  • que depuis plusieurs années, dans plusieurs départements français, 5 à 40% des troupeaux d’ovins, de caprins et/ou de bovins testés ont été reconnus infectés, la proportion d’animaux contaminés pouvant dépasser 60% dans certains troupeaux;
  • que des cas de contamination humaine directe ou indirecte ont été observés, notamment chez des éleveurs ou des personnels de laboratoire, provoquant des troubles respiratoires, cardiaques, hépatiques, etc..., ainsi que des avortements chez la femme;
  • que les laboratoires vétérinaires départementaux ou régionaux disposent d'outils et de méthodes de diagnostic agréés pour la recherche de la fièvre Q et qu’ils constituent, de ce fait, le relais essentiel entre le terrain et les organismes nationaux de recherche et de référence (CNR);
  • que ce réseau de surveillance, malgré sa qualité, n'est pas suffisamment mobilisé ni sollicité en vue du contrôle des troupeaux suspects;
  • que les vétérinaires praticiens et les éleveurs sont insuffisamment alertés de la menace épidémiologique et zoonotique;
  • que l’étiologie des avortements des ruminants doit toujours être déterminée avec précision - même dans le cas des petits élevages familiaux susceptibles d’échapper aux contrôles sanitaires - afin que puissent être prises les mesures sanitaires qui s’imposent.

 

Estime en conséquence :

  • qu’il existe actuellement une menace avérée de contamination de l’homme par l’agent de la fièvre Q, - que le risque peut être grand de ne pas déceler à temps chez l’animal des cas sporadiques, voire enzootiques, de cette maladie classée "zoonose importante" par l’Institut National de Veille Sanitaire (INVS);
  • que les pouvoirs publics doivent en conséquence prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la santé animale et la santé humaine.


Recommande :

  • que la fièvre Q et son agent fassent l’objet d’une recherche permettant d’apprécier leur réel impact dans les troupeaux des ruminants en France;
  • que les résultats de cette recherche soient rassemblés dans un bilan annuel national qui permette de suivre l’évolution de la maladie dans le cadre plus général des politiques sanitaires française et européenne;
  • que les vétérinaires praticiens et les éleveurs, ainsi que les collectivités locales, soient informés et conscients des risques que cette maladie représente pour la santé publique;
  • que la forme clinique de la fièvre Q soit reconnue comme une maladie animale à déclaration obligatoire afin de mieux suivre son évolution et de protéger la santé humaine et animale en France.

Avis de l’Académie Vétérinaire de France adopté le 10 janvier 2008, à l’unanimité des membres présents, moins une voix